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Mon père ayant vendu la maison peu après ma naissance, mes parents ont emménagé temporairement dans un petit logement situé dans la résidence de mes grands-parents Brière. Ma mère a ainsi été le témoin de certaines habitudes de vie, dont la petite histoire du thé de l’après-midi qu’elle a partagée avec nous à maintes reprises.

Très souvent, en fin de journée, notre grand-mère prenait une pause. Elle préparait une pleine théière de bon thé noir qu’elle laissait infuser sur le réchaud du poêle. Elle sortait un pot de confiture, ses préférées étaient aux ananas, et quelques biscuits secs, habituellement des biscuits « Village ». Et la dégustation commençait dans la tranquillité de ses appartements.

Il semble que, parfois, elle profitait un peu fort de ce délicieux moment de ressourcement. Il s’ensuivait certains problèmes digestifs dus à son foie déjà affaibli. Lorsque les enfants revenaient du travail, ils trouvaient alors leur mère assise dans la berceuse se flattant doucement l’estomac, en disant d’une voix traduisant son malaise: « j’sais pas ce que j’ai, j’ai assez mal au coeur… ». Compte tenu de toute l’affection que les filles portaient à leur maman et de la compassion que la situation suscitait, elles lui recommandaient affectueusement de bien se reposer et prenaient en main la responsabilité de préparer le souper avant le retour du père et des frères qui allaient bientôt rentrer.

Bonne gardienne du secret, la belle-fille se défendait toutefois de s’avouer complice; elle s’attendait néanmoins, un sourire en coin, à une prochaine récidive.

J’ai réalisé ce tableau en mémoire de ma chère grand-mère qui adorait les enfants et que nous aimions beaucoup. La théière, le pot de confiture et les biscuits constituent le rappel d’un doux souvenir de mémère Brière mais aussi un clin d’oeil tout plein de tendresse à la discrétion de ma chère maman.

Il m’est flatteur de penser que la représentation de ce précieux souvenir se trouve entre bonnes mains chez mon amie Jacqueline.