Nous avons tous entendu le mot « ban » à un moment ou l’autre de notre vie. Toutefois, il n’est pas certain que nous en connaissons clairement la signification et que nous pouvons établir un lien entre la « banlieue », le four ou le moulin « banal » et les « bans de mariages ».
Le « ban » est un mot de la langue des Francs qui signifie règlement ou ordre collectif d’un chef; afin d’en assurer le respect, le « ban » est assorti d’une pénalité. Le seigneur ayant droit de juridiction pouvait donc décréter un « ban »; il percevait des « banalités » qui étaient recouvrées par son « bannier » et ceux qui ne respectaient pas un « ban » ou ne payaient pas les redevances et les amendes se retrouvaient hors la loi, ils étaient « bannis ».
Le territoire sur lequel le seigneur avait juridiction se nommait le « ban du seigneur » et une lieue autour d’un village, présumée nécessaire pour l’alimentation des habitants et du bétail, était nommée « banlieue ».
Chaque village devait posséder un moulin et un four. Habituellement construits par le seigneur, ce dernier décrétait un « ban » interdisant à ses sujets d’aller moudre ou cuire ailleurs qu’au « moulin banal » ou au « four banal ».
Pour limiter les risques de bigamie et prouver la liberté des futures époux, l’Église, qui possédait juridiction en matière religieuse, a décrété un « ban ». Le prêtre se voyait ainsi obligé d’annoncer les projets de mariage pendant les messes, habituellement trois dimanches ou jours de fêtes consécutifs. Cette annonce était un ordre, une injonction faite aux fidèles tenus d’informer le curé des empêchements à un mariage projeté.
Afin de porter l’ordre du seigneur à la connaissance des personnes concernées, et considérant que plusieurs citoyens ne savaient pas lire, un crieur public allait « crier le ban » dans les rues du village. À une certaine époque, le crieur « ouvrait le ban » par un long et fort roulement de tambour et il « fermait le ban » par un roulement bref et discret indiquant que le cri était terminé.
Depuis le 3 avril 1991, en vertu du décret No. 37 de la Conférence des évêques catholiques du Canada, la publication du projet de mariage n’est plus obligatoire au Canada. Cependant, en vertu de l’article 368 du Code civil du Québec, on doit, avant de procéder à la célébration d’un mariage, faire une publication par voie d’affiche apposée, pendant vingt jours avant la date prévue pour la célébration, au lieu où doit être célébré le mariage. Des règlements contemporains ont ainsi remplacé le ban si présent dans la vie de nos ancêtres et même connu par plusieurs d’entre nous.
Sources : Jean Gueydan, Centre d’Études généalogiques Rhône-Alpes, Généalogie & histoire, No. 127, Septembre 2006; Évêché de St-Hyacinthe, Guide canonique et pastoral, article 3.3.