Huguette nous a quitté. Pour Léona et Thérèse, elle était une petite soeur et, pour nous, une belle-soeur, une tante, une cousine ou une amie.
Les liens chaleureux établis avec elle nous rassemblent aujourd’hui afin de saluer son départ pour le dernier grand voyage. Merci à vous tous de même qu’aux autres parents et amis qui ne peuvent être présents en ce lieu mais dont la pensée nous accompagne de différentes régions du Québec, des États-Unis et de l’Italie.
Nous nous souvenons d’Huguette comme d’une femme passionnée, dévoué, joyeuse et fière dont les valeurs et les nombreuses qualités dépassaient largement les faiblesses.
Son attachement indéniable pour sa famille, et pour ceux qu’elle considérait comme telle, se traduisait de différentes façons.
Chacun occupait une place spécifique dans son univers et, de près ou de loin, nous formions la toile fond de sa vie et faisions l’objet de sa fierté.
D’une grande tolérance, elle supportait difficilement qu’on souligne les faiblesses d’un membre de sa famille et elle se portait d’amblée à la défense de chacun. Dévouée, généreuse et disponible, elle trouvait toujours le temps, l’énergie et la discipline requis pour aider un des siens qui avait besoin de son support.
Des liens profonds l’ont attachée à son époux, Jean-Luc, jusqu’à ce que la mort les sépare après 38 ans de vie commune. Serait-ce lui qui est venu la chercher le jour même du 12e anniversaire de ses propres funérailles ?
Une période importante de sa vie a été consacrée au travail où elle s’est investie, sans compter ni le temps ni les efforts.
Elle part avec ses secrets et ceux qui lui ont été confiés. Sa discrétion, son écoute attentive, sa délicatesse et sa compassion nous manqueront tout autant que les nombreux moments joyeux passés en son agréable compagnie.
Au cours des années, elle avait développé un goût certain pour ce que la vie lui présentait de bon et de beau, et elle s’y connaissait. Nous avons constaté son attrait pour les vêtements et les bijoux, les voyages et les bons restaurants, la littérature, les arts et combien d’autres sujets. Elle a su partager son raffinement et nous enrichir de ses connaissances et de ses expériences. À son sujet, on me faisait un jour le commentaire suivant : « Ta tante Huguette, c’était une grande dame ».
Une grande dame qui, pourtant, avait gardé son coeur d’enfant. Elle s’émerveillait en présence des tout petits et ses yeux s’illuminaient devant ce qui lui ramenait les émotions d’une enfance heureuse. Nous conservons jalousement le souvenir de son sourire narquois, de son oeil taquin et de ce rire qui traduisait toute sa joie de vivre.
À travers les bons moments de sa vie, elle a connu de grandes souffrances : la souffrance physique et, pire encore peut-être, la souffrance morale.
Nous nous souvenons de ces automnes alors qu’elle disait, morose : « Je suis mal, je m’ennuie de mes morts… ». Là où elle repose maintenant, plus jamais elle ne connaîtra l’ennuie. Retournée auprès de ceux qu’elle a aimés, elle veillera sur nous tous qu’elle laisse dans la peine.
Huguette était également une grande croyante. Je me souviendrai toujours de ce moment touchant ou, quelques heures avant sa mort, après avoir exprimé sa peur, elle cherchait à retrouver la paix intérieure en récitant son chapelet, accompagnée de quelques proches bouleversés et tellement impuissants.
Le dimanche 28 janvier 2007 à 5h15 du matin, la porte de la grande volière de la vie s’est ouverte. Notre Huguette a quitté son corps épuisé et, comme un oiseau prenant son envol, enfin légère, elle a retrouvé son entière liberté. Son doux souvenir demeure gravé en chacun de nous.
Elle a aimé et a été aimée; nous prions Dieu de l’accueillir dans son incommensurable et éternel Amour.
Je termine en offrant à tante Huguette un dernier souvenir de famille. Il s’agit d’un poème écrit en 1913 de la main de sa tante Ernestine Brière, religieuse, à l’occasion du décès de sa grande-tante Célina Martel.
En expirant vous m’avez vu sourire
Que d’espoir et d’immortalité
Ce n’était pas les effets du délire;
J’entrevoyais la céleste clarté.
Elle parut un instant sur cette froide terre
Où tout passe et où tout finit;
Elle regarda de loin le monde et sa misère
Et puis, elle s’endormit.
De la part de sa famille italienne : « Arrivederci alla nostra adorata zia Huguette e grazie per tutto ! »
De la part de chacun de nous : « Au revoir à notre chère Huguette et merci pour tout ! »