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Soeur Saint-François-Xavier

Marie Reine Almina Brière, connue sous le prénom d’Albina, était la fille de François Brière et Philomène Côté (descendants de l’ancêtre Jean). Quatrième enfant de la famille, elle voit le jour le 15 décembre 1865 et est baptisée le 31 suivant à la paroisse Saint-Janvier de Weedon en présence de son père, de son parrain Louis Gendron et de sa marraine Lucie Vertefeuille. Cinq autres bébés la suivront dans le berceau familial.

Albina Brière appartient à une excellente famille de Saint-Janvier, lac Weedon. Elle aime d’une tendresse filialement respectueuse ses chers parents et affectionne avec délicatesse ses frères et sœurs. Elle gardera toute sa vie le culte du foyer paternel et s’attachera du même amour à la communauté religieuse de son choix.

Déjà, au pensionnat des Sœurs de la Charité, à Saint-Joseph de Beauce, son esprit et son cœur vont à Dieu. Avide d’idéal, il semble que sa nature est faite pour contempler; la  jeune Albina ne devait pas contredire les dessins du Maître et donne les prémices de sa vie à Notre Seigneur.

Albina Brière, religieusePendant les vacances de 1884, elle visite les différentes communautés religieuses de la ville de Québec. Chez les Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, la bonne vieille Mère Saint Patrice, âgée d’environ 89 ans, lui fait visiter l’hôpital. L’œuvre des vieillards paraît grande et méritoire à la jeune fille mais ce qui la captive et l’attire surtout est l’attitude religieuse, douce et distinguée de la Mère qui l’accompagne, un exemple qui influencera sa vocation.

Le 13 novembre 1884, Albina entre au noviciat du Monastère de Notre-Dame des Anges. Novice joyeuse, son imagination très vive, ses reparties spirituelles, ses aimables taquineries, sa gaieté franche et communicative s’allient chez elle à des connaissances remarquables. Sa mémoire fidèle est mise à contribution pour l’édification et l’intérêt de ses sœurs, aux jours de congé. Hospitalière et sympathique, elle excelle à faire des instructions catéchistiques aux pauvres; elle se donne beaucoup de peine pour remplir ce devoir et accorde un grand soin à l’enseignement de la doctrine. Les bons vieillards l’accueillent comme prédicateur aimé, dévoué au règne du Sacré-Cœur par mille moyens ; ils font cercle autour d’elle avec l’assurance d’un sermon court mais qui réchauffera leurs vieux cœurs par l’intensité de l’amour et de la confiance qu’elle Lui porte.

Elle fait profession le 27 juillet 1886. À cette occasion, on prend une des rares photos de la jeune religieuse de 20 ans.

Le 19e siècle se termine alors que des soeurs sont demandées pour la mission d’Afrique du sud à Durban. Six religieuses donnent leur nom; le 20 mars 1901 Albina est élue avec une compagne. Le 12 juillet 1901 à deux heures moins quart, Sœur Saint-François-Xavier, Sœur Saint-Henri et trois postulantes s’embarquent sur le bateau « Lake Champlain ». Le 1er août, elles sont à Dieppe et l’aumônier les conduit au monastère d’EU. Le 2 août, elles sont à bord de l’« Inzisva » en direction du Natal. Enfin, c’est au début de novembre qu’elles arrivent au Sanatorium du Sacré-Cœur de Durban (anciennement Port-Natal).

Si loin des siens, Albina ne peut vaincre un ennui insoutenable qui menace d’altérer sa santé; elle fait part de son désir de retourner au Canada. Une lettre d’obédience émise le 3 janvier 1902 à Durban, Natal, par monseigneur Charles Jolivet o.m.i. autorise son retour en la Communauté de Québec. Un document signé le lendemain au Monastère du Sacré-Cœur de Jésus, Béréa, Durban, Afrique du sud, par Sœur Marguerite-Marie, supérieure de cette jeune communauté, mentionne qu’elle « ne peut se faire à notre vie et ne peut surmonter le mal du pays » et acquiesce à sa demande de rapatriement. Deux généreux pensionnaires du Sanatorium acceptent de lui payer son passage.

Du 7 juin 1916 au 7 septembre 1919, elle occupe la fonction de Mère Assistance et met toute sa bonne volonté au service de la Communauté. Les travaux communs qu’elle doit diriger à ce titre ne lui sont pas étrangers, toute sa vie religieuse elle s’y est prêtée avec courage et fidélité. Ils sont pour elle un devoir de justice; elle y trouve l’oubli d’elle-même, l’abnégation, la pratique de la charité et d’une vie de famille. Régulière, sans singularité, fidèle aux heures de la prière, du travail et de la récréation, généreuse au lever de 4 heures tant que dura cette austérité primitive, toujours et partout on la trouve bonne et fervente religieuse. Se souvenant que les œuvres extérieures n’ont aucune valeur pour le Ciel si elles ne procèdent de l’intérieur, elle soutient par une vie surnaturelle intense ses petits travaux et ses grandes souffrances.

Conscience délicate, elle doit passer pendant plusieurs années par la grande purification du scrupule. De telles angoisses ne s’expriment pas ! « Que de fois, s’affaissant au pied du tabernacle, nous l’avons vu sangloter et c’était d’un accent à nous briser le cœur que levant sur nous des yeux pleins de larmes et d’une inquiétude indicible, elle s’écriait « Mère je n’en puis plus ». L’espérance pourtant demeure dans son âme et elle incline doucement son être devant la volonté divine ».

Puis, la santé de la bonne Soeur Saint François-Xavier devient promptement inquiétante. Elle souffre tant dans son âme depuis plusieurs années que, entrevoyant le terme de ses angoisses, elle accueille avec reconnaissance l’annonce du médecin à l’effet que son état est grave. Depuis sa dernière maladie en novembre 1924, elle était restée languissante à cause de ses poumons très faibles mais rien ne laissait prévoir un dénouement aussi prompt. Une petite hémorragie pulmonaire survenue vers le 10 décembre 1924 l’oblige à s’aliter; comme elle ne prend presque aucune nourriture, elle succombe, emportée par une grave anémie.

« Nous avions confiance que la paix viendrait un instant consoler sa dernière heure, mais jusqu’au suprême instant, elle fut sous le pressoir ! Dites avec moi, lui suggérai-je, « Mon Dieu je vous aime », et dans un cri qui fut le dernier « Mon Dieu répéta-t-elle, je vous aime un million de fois ! ».

Soeur Saint-François-Xavier décède le 28 décembre 1924; sur son âme est tombé un rayon de la lumière divine que seul le silence de l’éternité peut nous révéler. Les sœurs viennent échanger sur sa dépouille mortelle un mot de sincères louanges pour ses qualités et ses vertus. Les prières de ses compagnes demeurent l’expression sincère de leur fraternelle affection et de leur constant attachement à Sœur Albina Brière.

Requiescat in pace !


Sources : Hospitalières de la Miséricorde de Jésus, du Monastère de Notre-Dame des Anges, maintenant connue sous le nom officiel de « Les Augustines de la Miséricorde de Jésus du Monastère de l’Hôpital Général de Québec »; Fonds Drouin-actes numérisés.