Sélectionner une page

Thomine Chastel est la mère de Françoise Bigot et la belle-mère de l’ancêtre Denis Brière. Ces quelques notes biographiques nous donnent un aperçu de cette « grand-mère » qui semble avoir été un exemple de courage alors que la vie n’était pas facile, ni en France, ni en Nouvelle-France.

Naissance

Thomine Chastel serait née vers 1600; la période de sa naissance est estimée à partir du  recensement de 1667, à Notre-Dame de Foy, près de Québec, où elle est déclarée âgée de 67 ans. Nous savons qu’elle est la fille de Benoît Chastel.

Premier mariage

Elle épouse en premières noces Jean Bigot, fils de Jean et Jeanne Marges. Le mariage est célébré à l’église Sainte-Madeleine de La Ventrouze,  le 13 juin 1630; son père étant alors défunt, le mariage est célébré en présence de Thomas et Louis Chastel. Sa famille est dite de la paroisse d’Autheuil, dans le Perche.

Jean Bigot aurait exercé le métier de tailleur d’habit et il ne savait pas signer. Alors qu’il n’était pas encore marié, il avait passé quelques actes notariés devant Jean Chouaiseau, notaire à Tourouvre.

  1. Vente, le 2 avril 1614, de Jean Bigot, tailleur d’habits, demeurant à La Ventrouze.
  2. Obligation, le 31 octobre 1619, de honnête homme Jean Bigot de la Ventrouze au lieu du Coing du Perche, et de Claude Huet à Marye Boivin.
  3. Vente, le 31 octobre 1619, de Nicolas Beurrier et de sa femme Marie Marges, d’une part, àClaude Guet, praticien demeurant à Villiers-sous-Mortagne, et de honnête homme Jean Bigot,d’autre part.
  4. Autre vente le 14 janvier 1619 avec les mêmes individus.
  5. Quittance, le 19 juillet 1621, de Jean Bigot d’une obligation passée le 30 octobre 1619.

La Famille Bigot

Jean Bigot et Jeanne Marges se marient à Tourouvre, un mardi de février 1591, en présence de Michel Marges et Michel Breul, oncles de l’épouse, de Michel Chandon et Nicolas Beurrier.

Jean Bigot pèreest laboureur (1605, 1626, 1628, 1630). Le couple quitte Tourouvre pour aller demeurer à La Ventrouze au lieu du Coing du Perche vers 1595. Jean Bigot, en tant qu’habitant de La Ventrouze, est présent à une procuration faite devant le notaire Jean Chouaiseau à Tourouvre le 2 février 1605. Le 2 juin 1605, devant Jean Chouaiseau, Jean Bigot, laboureur, et Florent Vigneron contractent une obligation envers Guillaume André. Le 28 septembre 1609, un acte de transport est passé de Charles Cartier, marchand de Mortagne, à Jean Bigot, laboureur de La Ventrouze au lieu du Coing du Perche.

Pour sa part, Jeanne Marges est la fille de Jean Marges et elle pourrait avoir deux soeurs: Renée, décédée avant le 15 mars 1635 (date d’un partage) et Marie, mariée à Nicolas Beurrier.

Le 3 avril 1593, Jeanne Marges, femme de Jean Bigot, est la marraine de Robert Vigneron, baptisé à Tourouvre, et, le 24 juin 1595, de Jeanne Piau, également baptisée à Tourouvre. Elle demeure alors à La Ventrouze. Le 1er mai 1614, Jeanne Marges, de La Ventrouze, ratifie un acte. Elle ne sait pas signer. Jeanne Marges est la marraine d’Étienne Lefebvre, baptisé à La Ventrouze (Godbout), le 9 mars 1617.

Le 29 octobre 1609, on trouve un échange entre Jean Bigot et sa femme, d’une part, et Odard Laigneau, sieur de la Brière de Tourouvre, d’autre part. Jean Bigot et Jeanne Marges sont tous les deux présents au baptême de Marie Beurrier à Tourouvre, le 3 mars 1623.

Après le décès de son épouse, Jean Bigot épouse en secondes noces Agnès Roger, veuve de Michel Ernoul, à La Ventrouze, le 1er juillet 1627. Le 7 avril 1630, date d’un bail à ferme, il est dit veuf d’Agnès Robert.

Un délaissement du 25 mai1631 fait mention d’un défunt Jean Bigot;  s’agit-il du père ou du fils ?

Enfants

Thomine Chastel et Jean Bigot voient naître deux enfants :

  1. Françoise, baptisée à Sainte-Madeleine de La Ventrouze, le 17 mai 1631. Ses parrain et marraine sont Philibert Beurrier, prêtre de Tourouvre, et Françoise Creste, femme de Jean Chouet. (Voir le texte biographique la concernant).
  2. Jean, né en France vers 1632, probablement à La Ventrouze. Il partira pour la Nouvelle-France avec sa mère et sa soeur Françoise où il vivra à peine un an. Il décèdera  à Québec, le 24 septembre 1648.

Jean Bigot, serait décédé au cours de l’année 1631, laissant Thomine Chastel veuve et enceinte d’un deuxième enfant.

Second mariage

Le 3 février 1632, Thomine Chastel épouse en secondes noces Mathurin Fourreau, veuf d’Appoline Marie; le mariage est célébré en présence de Noël Juchereau, Noël et Jean Debray, de La Ventrouze, et de Jean Rondin, de Tourouvre.

Mathurin Foureau semble avoir disparu après le 26 janvier 1635, date de deux obligations passées devant François Chouaiseau, notaire à Tourouvre. Il est marchand et demeure à La Ventrouze au lieu du Coing du Perche.

Le 6 mai 1642, devant Me Nicolas Debray, à Longny, Thomine Chastel, « femme délaissée depuis quatre ans…et plus, de Mathurin Foureau demeurant au lieu de La Ventrouze » a vendu à Gilles Chastel, mercenaire demeurant en la paroisse Notre-Dame d’Autheuil, « tout et tel droit qu’elle a dans une grange en ruine… pour la somme de douze livres. »

Le 16 mars 1646, devant le même notaire, « Thomine Chastel femme délaissé de Mathurin Foureau, loue pour six ans à Gilles Chastel tout ce qui peut lui appartenir en la paroisse d’Autheuil moyennant la somme de quatre livres par an ». Cet acte de ferme annonce un départ proche.

Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant et Thomine se retrouve veuve à nouveau.

Immigration

Vers 1647, Thomine Chastel quitte son pays natal pour la Nouvelle-France avec ses deux enfants, sa fille Françoise et son fils Jean; tous trois sont originaires de La Ventrouze dans le Perche. Ils pourraient avoir fait la traversée sur le bateau La Marguerite, parti de La Rochelle et arrivé à Québec le 6 août 1647.

Veuve, Thomine Chastel reçoit le scapulaire du Mont-Carmel en 1656 et entre à la Confrérie du Saint-Rosaire le dimanche 1er octobre 1656. Elle est confirmée à Québec le 10 août 1659.

Au recensement de 1667, elle habite à Notre-Dame de Foy avec la famille de sa fille Françoise et son gendre Denis Brière. On n’a pas retrouvé la trace de son décès.

Sources :  Programme de recherche sur l’émigration des Français en Nouvelle-France (PREFEN)-Centre de recherche d’histoire quantitative, Université de Caen-Basse-Normandie-Banque de données interne-Isabelle Beaussy;  Archange, Godbou-Vieilles familles de France en Nouvelle-France-Rapport des Archives nationales du Québec, t. 53 (1975), pp. 105-264;  Mme Françoise Lamarche-Montagne-« Notules généalogiques glanés en 1680 », MSGCF, vol. XXXII,n°3, juillet-Août 1681, pp. 178-183; Fichier Origine; Université de Montréal-Programme de recherche en démographie historique (PRDH).