Bien que les documents d’archives soient plutôt discrets concernant l’ancêtre Denis Brière et sa famille, les recensements de 1666 et 1667 nous confirment leur présence dans la région de Québec.
Recensement de 1666
L’intendant Talon débarque à Québec en septembre 1665 muni des pleins pouvoirs administratifs qui lui ont été octroyés à Paris. Dès son arrivée dans la colonie, il entreprend différentes réformes organisationnelles ; il prépare notamment le premier recensement officiel de la Nouvelle-France. On dit même que ce recensement est le premier à être exécuté dans le monde entier pour des raisons économiques et sociales, les recensements tenus en Europe depuis la plus haute antiquité répondant plutôt à des motifs militaires ou fiscaux.
Ce recensement aurait été effectué à la fin de février et en mars 1666. Sur les 65 ménages recensés dans le comté de Québec, nous retrouvons les informations suivantes concernant la famille de notre ancêtre au « Ménage no. 46 » :
- Denis Brière, 35 ans, « habittant »
- Françoise Bigot, 34 ans, sa femme et précédente veuve de Guillebout
- Denis 6 ans, Françoise 4 ans,
- Marie Guillebout 15 ans, Charles Guillebout 12 ans, Marguerite Guillebout 9 ans
- Pierre Campaignard, 22 ans, « domestique engaingé ».
Recensement de 1667
Bien qu’il se soit fait lui-même recenseur, Talon comprend bientôt que ce premier dénombrement devait être complété par un deuxième qui serait plus précis. Dressé au printemps 1667, ce nouvel enregistrement compte une population 3,918 âmes possédant 3,107 bestiaux, ayant défriché et mis en culture 11,448 arpents de terre. Sur les 42 ménages dénombrés dans le secteur Notre-Dame de Foy, nous retrouvons, voisin de Charles Gaultier, le « Ménage No. 30 » qui nous donne une bonne image de la famille et des réalisations de notre ancêtre à ce moment, soit :
- Denis Brière, 35 ans, habitant
- Françoise Bigot, 35 ans
- Denis 8 ans, Françoise 6 ans,
- Charles 14 ans, Marguerite 11 ans
- Thomine Chastel, 67 ans
- 20 arpents de terre mis en valeur
- 11 bestiaux
Un an d’histoire
Ces statistiques qui paraissent plutôt sèches renferment pourtant plus d’un motif d’attendrissement à celui qui a le culte de l’histoire. Ainsi, par rapport à l’année précédente, on remarque que :
- Pierre Campaignard, le domestique, a quitté la famille ;
- Marie Guillebout, l’aînée de la famille a quitté la maison ; on la retrouve dans la même paroisse au « Ménage No. 14 », âgée de 17 ans et vivant avec son nouvel époux de 28 ans, Sébastien Jangreau, qui possède 3 bestiaux et 12 arpents de terre en valeur ;
- Thomine Chastel, mère de Françoise Bigot, belle-mère de Denis Brière et grand-maman des enfants, a été accueillie par la famille ;
- la superficie de la terre et le nombre de bestiaux nous permettent d’imaginer la lourde tâche qui incombe malgré le peu de moyens disponibles ;
- au recensement de 1666 Françoise était enceinte d’Étienne, qu’elle perdrait à la naissance, et à celui de 1667 elle était sur le point de donner naissance à Charles.
Nous pouvons donc constater qu’en une seule année la famille Brière a connu le bonheur de deux naissances, la douleur d’une sépulture, la joie d’un mariage, le départ d’un domestique, l’arrivée d’une grand-maman et sans doute la fatigue et la satisfaction, la déception et la fierté, le désespoir et le courage.
Auraient-ils cru à l’époque que, près de 350 ans plus tard, leur vécu susciterait autant d’intérêt et de respect chez certains de leurs descendants ? Ça, c’est toute une réalisation !
Sources : Benjamin Sulte, Marcel Trudel, Université de Montréal – Programme de recherche en démographie historique (PRDH), Bibliothèque et Archives nationales du Québec-Montréal.