Naissance
Née à Marieville, le jeudi 21 juillet 1853, Marie Matilde Malvina Martel y est baptisée le lendemain en présence de son père, son parrain Jacques Guillet et sa marraine Adelle Massé. Fille d’Olivier Martel et de Nathalie Massé, elle arrive au neuvième rang des quatorze naissances du couple.
Dès son jeune âge, la famille l’appelle Louise-Anna et elle portera ce prénom toute sa vie.
Prétendant
Pour sa part, Henri Brière a atteint l’âge de 27 ans lorsqu’il se décide à prendre épouse. Six ans plus tôt, devenu majeur et ses parents étant décédés, il a acquis la ferme familiale de Marieville. Sur ses 40 arpents de terre sont érigés une maison, une grange, une étable et d’autres bâtiments. Trois chevaux, des attelages, un wagon, un buggy et une charrette à roues font certainement sa fierté. Une charrue, une herse et les récoltes de l’année courante s’ajoutent à divers effets mobiliers qu’il possède déjà. Il détient aussi des billets pour la somme de 122.50 $. En 1875, la totalité de ses biens est évaluée à 1,042.50 $, une richesse à cette époque. Jeune homme sérieux, travaillant et bien installé, il se retrouve ainsi prêt pour le mariage. C’est dans ce contexte qu’il choisi Louise-Anna Martel pour compagne de vie et future mère de ses enfants.
Jeune fille à marier
La future épouse a alors vécu 22 printemps. Fort jolie, de caractère agréable, instruite et en bonne santé, elle fait partie d’une famille respectée et bien nantie de la paroisse. Elle exerce ses talents de musicienne au clavier de l’harmonium qu’elle prévoit apporter pour égayer son nouveau logis.
Demande en mariage
Il n’en faut pas plus pour qu’Henri fasse la grande demande, comme le veut la coutume. On l’imagine, le coeur battant, quelques sueurs au front, se dirigeant vers la maison des Martel, puis, devant le père de sa bien-aimée, prononcer la fameuse question « …m’accordez-vous la main de votre fille Louise-Anna…? ». Que d’émotions !
Contrat de mariage
Le père Martel a sans doute donné une réponse positive puisque Louise-Anna et Henri se présentent chez le notaire Grégoire Bombardier de Marieville, le lundi 20 septembre 1875, pour y conclure un contrat de mariage. Louise-Anna est accompagnée de ses père et mère, de trois de ses sœurs et deux beaux-frères. La plupart d’entre eux signent l’acte légal, ce qui surprend à cette époque où un grand nombre de citoyens ne savent ni lire ni écrire.
En parcourant ce document d’archives, nous constatons que, de part et d’autre, cette union s’avère un bon choix. Nous nous permettons de soupçonner une attirance physique et une grande compatibilité de caractères; des valeurs similaires, des capacités et des connaissances complémentaires ainsi que la mise en commun des avoirs de chacun assureront un démarrage sécurisant à leur nouvelle famille.
Il est fort intéressant, voire amusant, de prendre connaissance de l’apport de Louise-Anna Martel et de sa famille au patrimoine familial. Le tableau ci-contre présente les détails du trousseau et de la dot de Louise-Anna, tel que décrits au contrat de mariage de 1875. Cette nomenclature illustre clairement toute l’importance qu’on accordait à l’époque à certains effets qui, dans notre monde d’abondance, nous semblent sans valeur et dont la possession est devenue si banale. Qui inscrirait, aujourd’hui, une corde et des épingles à linge à son contrat de mariage ?
Au pied de l’hôtel
La bénédiction nuptiale leur est accordée à l’église de Marieville, le mardi 21 septembre 1875, en présence de plusieurs parents et amis.
Vie de famille
Neuf enfants naissent de cette union au cours des 17 années suivantes. Louise-Anna et Henri ont surmonté ensemble les difficultés de la vie et ils ont vécu heureux jusqu’à ce que la grande faucheuse les sépare après 36 ans de vie commune, rappelant Henri auprès du Seigneur.
Émigration
Louise-Anna s’établit ensuite aux États-Unis où elle vit auprès de trois de ses enfants devenus américains. Demeurée veuve près de 30 ans, elle a réussi a maintenir des liens étroits entre les membres de sa famille malgré la distance qui les séparait.
Décès
Louise-Anna Martel décède le 23 janvier 1941, à l’âge de 87 ans; elle vit ses derniers moments chez sa fille Elphégina chez qui elle habitait, au second étage de la maison de la rue Meadow à Willimansett (Massachussett, États-Unis). Ses restes reposent dans lot familial du cimetière de South Hadley dans l’état du Massachusett. J’ai eu le privilège de me recueillir sur sa tombe il y a quelques années, un moment bien émouvant.
Chère grand-maman
Ses petits enfants se souviennent d’elle comme d’une belle grand-maman au visage rond et aux cheveux bouclés, douce et souriante, intelligente et fière, qui les appelait affectueusement «mon ti-chou». Nous avons entendu raconter tant de fois les expéditions aux États, habituellement en train, pour aller visiter celle qu’on appelait avec grand respect et affection « mémère Brière ».
Elle a grandement laissé sa marque et ce texte démontre que nous ne l’avons pas oubliée.
Louise-Anna était ma chère arrière-grand-mère !
Sources : BANQ-Montréal, greffe du notaire G. Bombardier 20-10-1875; Bureau de la publicité des droits-Marieville, enregistrement #6871 du 28-09-1869; Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds Georges-Henri Cournoyer; Société généalogique canadienne française, Fonds Drouin, mf Marieville; South Hadley Cimetery; Souvenirs de Huguette, Gérard et Hervey Brière.